Rez de Chaussée

Au Rez de Chaussée il y a un grand portique qui est la porte d'entrée, juxtaposé au bureau des bibliothécaires. C'est l'entrée/sortie obligée.

[a compléter ^^°°° je le ferai dès que j'aurai le temps]

[Dans la rue]

Matt arriva. Il glissa les clefs dans la grande porte et pénétra dans l'immense bâtiment. Il jeta un coup d'oeil au comptoire auquel il enregistrait les ouvrages entrant et sortant, avisa une belle pile de papiers. Sûrement des rappels à mettre sous enveloppe, pour ne pas changer.

Il jeta un regard circulaire aux quelques étagères remplies de livres de tous temps, eut un petit soupire et alla s'asseoir au bureau. Pas le temps de bouquiner ce matin, il lui fallait travailler un peu. Il y tenait, à son job!

Il prit les papiers les uns après les autres, les mettant dans une enveloppe qu'il avait au préalable timbrée, s'amusant des noms de certains lecteurs. Autant finir ça maintenant!

Alors que Matt effectuait sa passionnante activité consistant à glisser des papiers dans des enveloppes, la porte de la bibliothèque s'ouvrit dans un léger grincement pour ensuite se refermer en douceur. Alors que certains n'hésitaient pas à la laisser claquer, le visiteur avait pris grand soin de ne pas le faire.

Le martellement de talons aiguilles se fit entendre et la jeune femme, puisque c'en était une - et non pas un mec travesti -, s'arrêta devant le comptoir où se trouvait Matt.

"Oh, bonjour, vous allez bien ?" questionna-t-elle avec un léger gloussement.

La jeune femme en question - qui n'était peut-être pas majeure, d'ailleurs, mais comment dire avec tout le maquillage qu'elle se mettait ? - était une cliente habituée de la bibliothèque. Blonde, et faisant d'ailleurs honneur en intelligence à sa blonditude, elle portait un tailleur, mais pas n'importe quel tailleur : la veste comme la chemise étaient très ajustées. Soyons clair, il était impossible de manquer sa poitrine, surtout que quelques boutons avaient été ouverts, permettant une vue plongeante sur celle-ci. Elle avait aussi une jupe assez courte. Et des collants. A moins que cela ne fut des bas. Il aurait fallu relever un peu plus la jupe pour vérifier.

"Je suis venue rapporter le livre," annonça-t-elle en posant un épais ouvrage sur le comptoir, portant le titre de "liaisons dangereuses et autres histoires". Tout un programme.

La jeune femme, dont il serait temps de donner le nom, Gladys Whitemore (oh, ciel, une parente éloignée d'Armand ?), donc, venait souvent à la bibliothèque. Si on aurait pu la prendre pour une lectrice assidue au premier coup d'oeil, elle trouvait surtout son quota de rêve en ce cher Matt et ne se gênait pas pour le faire savoir. Allez savoir si elle lisait les livres qu'elle empruntait... Ce qui était sûr, c'est qu'elle s'arrangeait toujours pour venir lorsque Matt était là et boudait si, par malheur, elle le manquait. Aussi idiote qu'une pintade mais pas méchante dans le fond, elle ne pouvait s'empêcher de le poursuivre de ses assiduités, entre deux cours. Oui, car elle était inscrite à la faculté, dans la section de journalisme. Mais elle s'interessait plus aux potins mondains qu'au destin du monde.

"Je peux en emprunter un autre," roucoula-t-elle d'un ton suave.

Au grincement de la porte Matt ne broncha même pas, pensant tout juste qu'il était bien tôt pour déjà venir. Il ne fallait pas avoir peur de se ramasser la porte dans la figure. Ce n'est qu'au moment où il entendit le bruit des talons aiguilles sur le sol qu'il releva le regard, découvrant mademoiselle Whitemore. Il eut un léger sourire et la regarda approcher, allumant l'ordinateur discrètement, attendant qu'elle soit devant le comptoire pour s'asseoir correctement et la regarder de ses yeux jaunes et rouges.

La voilà la pintade qui lui changerait peut-être les idées. Il se tapota la tête mentalement pour l'avoir appelée ainsi, c'était une cliente régulière après tout. Il était parfois surpris par la rapidité de ses lectures, vu qu'il lui était déjà arrivé d'emprunter des pavés et de les rapporter très peu de temps après. En fait il n'y avait pas un jour de travail où il ne la voyait pas, à peu de choses près. Il s'en amusait beaucoup d'ailleurs.

Il lui fit un sourire léger, posant sa lettre.

"Bonjour. Oui merci je vais très bien, et vous?" Sa voix était calme, limite douce. "Quel beau temps aujourd'hui!

Il la dévisagea sans vraiment s'en cacher. Ca la ferait peut-être rougir, ce n'en serait que plus drôle. Ah, les jeunes femmes romantiques. Qui sait c'était peut-être son jour de chance! Il se demanda quel âge elle pouvait bien avoir, avec toutes ces jeunes filles qui voulaient paraître plus mures et toutes ces femmes qui voulaient paraître plus jeunes, on ne savait jamais où on en était. Une fois de plus elle avait fait fort sur les habits. Il hésita un instant à lui fairer remarquer que si elle continuait d'ouvrir un peu plus ses boutons chaque fois dans 5 jours elle n'avait même plus besoin de mettre sa chemise. Il ajouta, souriant en peu plus à ses propres pensées, que ce ne serait peut-être pas pour lui déplaire. Mais son sens du raisonnable reprit le dessus et il se dit aussi que ne sachant même pas son âge il ne valait mieux pas faire de plans sur la comète. Après tout, il avait un minimum de manières!

Tout en pensant il prit le gros livre qu'elle avait emprunter pour en passer le code barre à l'infra-rouge, faisant biper l'ordinateur fraîchement allumé. Il cliqua ensuite sur "rendu" avant de poser le livre sur une étagère derrière lui où étaient mis les ouvrages qui attendaient d'être rangés, au côté de deux autres oeuvres, "Notre Dame de Paris" et un livre traîtant d'histoire relativement conséquent niveau taille.

"Oui bien sûr, et vous savez que je suis à votre disposition si vous êtes perdue." Il lui fit un clin d'oeil en se retournant vers elle. "Le précédent livre vous a-t-il plu?" Demanda-t-il l'air de rien en reprenant un rappel et en l'enfilant distraitement dans l'enveloppe.

En fait il se dit qu'il ne savait rien d'elle, à part qu'elle était blonde et qu'en tous les cas elle aimait bien fréquenter la bibliothèque. Allez savoir pourquoi, il n'en avait pas la moindre idée!
Prendre les choses méthodiquement... d'abord introduire, on verrait ce qui nous fait envie après comme qui dirait!

"Oh oui, il était très plaisant !" s'exclama-t-elle tout en se tortillant de plaisir.

Matt lui avait adressé la parole, rendez-vous compte ! Elle pouvait presque mourir heureuse, à présent. Presque seulement. Car Matt n'avait pas encore couché avec elle et ce fait venait tempérer sa joie hystérique. Sa nymphomanie ne pouvait être comblée par si peu. Et même si le bel asiatique ne tombait pas encore à ses pieds aujourd'hui, ce n'était pas grave tant qu'elle était sûre de le voir craquer prochainement...

Glissant la main dans ses cheveux pour y mettre un ordre nullement utile car ils étaient déjà parfaitement coiffés, notre chère Gladys chercha un moyen pour retenir plus longtemps l'attention de sa proie. Un moyen autre que l'usage de ses charmes, qui avaient déjà du procurer leur effet. Avec un battement de cils candide, elle reprit d'une voix douce :

"Je ne sais pas quoi emprunter... Auriez-vous quelque chose à me conseiller, Monsieur Kimijira ?" questionna-t-elle en posant un regard perdu sur les nombreux rayonnages de la bibliothèque. "J'aime de tout."

Ce n'était pas bien compliqué de tout aimer lorsqu'on ne lisait que rarement les livres que l'on empruntait.

"Il fait vraiment chaud ici," ajouta-t-elle dans un soupir et en s'évantant à l'aide d'un prospectus qu'elle avait trouvé sur le comptoir.

Une vieille dame qui venait d'entrer à l'instant et se dirigeait d'un pas tranquille vers les rayonnages lui adressa un oeil noir.

"La climatisation est en panne ?"

Il la regarda avec un sourire éclatant, se leva et lui tourna le dos un instant pour farfouiller derrière lui dans un petit casier plein de paperasse, dévoilant ainsi son... dos. Allez savoir si c'était volontaire. Il lui refit ensuite face, se demandant si elle allait rester plantée là éternellement avant qu'elle ne lui pose une question.

Matt s'amusait énormément. Cette jeune femme trépignante dont il pouvait presque sentir les hormones d'ici l'amusait beaucoup, et même s'il ne devinait pas vraiment le taux d'innocence de ses pensées -pensait-elle déjà à une future conclusion ou était-elle juste dans cet état à sa simple vision sans imaginer plus loin?-, il voyait bien que son futur exutoire allait être plus facile à atteindre que prévu. La petite blonde tombait à pic... pour ne pas dire quasiment sur le pic, mais ça serait faire un mauvais jeu de mot.

Il décida de s'amuser un peu.

"Un conseil à donner? Hum... Oui il se pourrait bien."

Il contourna le comptoir et lui tourna autour comme un styliste admirant un mannequin, son index et son pouce écartés pour former un angle de quasiment 120° dont la pointe se collait à son menton.

"Vu votre genre fantasque, peut-être même romantique je me permettrais de dire... Et par rapport aux différentes oeuvres que vous avez emprunté..." Ou comment faire celui qui notait chacun de ses emprunts comme un bien précieux... Son regard s'amusait à faire semblant de la sonder, notant ses petites manies de volaille (poule ou pintade, au fond...) entichée, le battement régulier du prospectus qui n'envoyait qu'un air dérisoire. "... je pense que ..."

Soudainement il disparut du champ de vision de la demoiselle, s'éclipsant dans un rayon pour chercher rapidement et sans vraiment savoir où il allait un livre. Bien sûr comme nous le savons mais lui pas, elle se fiche du livre mais bon. Il prit finalement un sympathique livre à la couverture bordeaux qui se trouvait dans les classiques. Le grand Meaulnes d'Alain Fournier. Bof. Tant pi.

Il revint, à peine une minute s'était écoulée. Il avait presque couru quand même, mais bon il n'était pas partit bien loin non plus.

"Voilà ce que je vous conseille!" A nouveau un grand sourire charmeur. Il était juste derrière elle et lui avait tendu le livre par-dessus son épaule. Il la surplombait donc et pouvait admirer l'arrière de son crâne, il aurait même pu y chercher des poux. "Pour ce qui est de la climatisation je ne sais pas... je n'ai moi-même pas excessivement chaud." Il pensa très fort que si elle n'avait pas autant de bouffées de chaleur ça irait peut-être mieux, puis se demanda comment elle réagirait s'il retirait sa chemise pour dévoiler le petit T-Shirt noir qui lui moulait le torse presque parfaitement. A tenter... ou pas. Il se tâtait pour le moment, voulant déjà voir sa réaction à la présente situation.

Si Matt retirait cette charmante chemise, autant dire que Mademoiselle "cot cot" aurait du mal à contrôler ses hormones. Ahlala... L'instinct reproducteur habitant chaque animal, que voulez-vous. Mais passons.

Gladys cessa d'agiter son propectus lorsqu'elle vit le chevalier servant Kimijira s'élancer dans l'un des rayons pour lui trouver un livre - qu'elle ne lirait pas, ou seulement en diagonale, mais ceci est un secret -. Elle était vraiment ravie de voir que l'employé se souvenait d'elle, de ses goûts, au point de pouvoir la conseiller. Oui, c'était vraiment merveilleux. Il devait être tombé sous son charme, c'était certain. Tous les hommes tombaient sous son charme. Il y avait par exemple eu ce professeur, au lycée. Oh, ils en avaient fait des choses pendant que ses camarades allaient faire des activités terriblement ennuyeuses en récréation. Oui, aucun homme ne restait insensible, excepté... Le cancrelat qui lui servait de cousin ou quelque chose comme ça. Ce sale gosse devait être gay, il n'y avait aucune autre possibilité. De toute manière, l'armée comptait tellement d'hommes que ça ne pouvait qu'être louche.

"Voilà ma carte," dit-elle en sortant celle-ci de... Kof kof... De son décoleté pour la tendre à Matt. Il y avait sa photo dessus, son nom et son prénom, ainsi que son adresse et une puce électronique. "Je suis certaine que ce livre sera passionnant."

Bien que très interessée par Matt, elle était devenue pensive, au point que l'on aurait pu croire qu'elle en avait oublié sa cible.

"Dites moi, vous avez un autre Whitemore inscrit ici ? Une sorte de nain albinos habillé en soldat et raide comme un balais. D'une vulgarité, en plus... J'espère qu'il ne vous cause pas de problème..." commença-t-elle doucement pour en arriver au but de sa demande. "Qu'est ce qu'il lit, au juste ?"

Elle s'attendait à ce que la réponse soit "des choses innavouables", si on en croyait son regard.

(euh, tu réponds ce que tu veux XD)

Il prit sa carte avec un sourire et retourna habilement derrière son comptoir pour la faire passer devant un petit détecteur, faire passer le livre devant ensuite et tapoter sur le clavier. Il posa ensuite l'ouvrage sur le comptoir, le poussant en direction de la jeune femme.

Il l'entendit alors formuler une question. Comment? Il lui arrivait donc de réfléchir? Voilà une découverte digne du gros titre du quotidien local... Après avoir reprit ce qu'elle avait dit, car sous la surprise d'une réflexion venant de sa part il n'avait pas vraiment tilté, il analysa rapidement et lui fit ensuite un sourire charmeur. Il tapota sur son clavier.

"Oui effectivement nous avons bien d'autres Whitemore. Deux pour être précis. Quant à leur apparence euh... je ne retiens pas "toutes" les personnes qui empruntent des livres." Sous-entendu qu'il n'y avait qu'elle qu'il avait retenu évidemment. "Ah... Par contre, je ne sais pas si je suis en droit de vous fournir ce genre d'information, pour les livres empruntés. Avez-vous une raison nécessaire?"

C'est vrai quoi, on est un service public ou on ne l'est pas. Il y avait marqué quelque part sur le règlement interne protection de la vie privée. Sauf en cas d'autorité parentale... Et d'autres choses de même genre. En même temps si elle avait des arguments convaincants... Comme une offre soudaine en échange de renseignement... Ou tout simplement une raison valable de pouvoir poser les questions. Il dut paraître absent un instant car son esprit s'égara à son tour. Et si elle était de la police? Une excellente couverture dans ce cas. Ou peut-être était-elle... l'une des leur. Non, autant ne pas y penser. D'une part ça contrarierait fortement son projet "soulageons la testostérone", de l'autre il devrait se montrer excessivement prudent...
Il tilta enfin... Quelqu'un qui avait le même nom de famille qu'elle.

"Vous cherchez quelqu'un peut-être? Des informations?" Il fit un léger sourire en la regardant droit dans les yeux. "Fomenteriez-vous un coup quelconque?" Le ton était enfantin et joueur, il n'espérait pas être tombé dans on ne sait quel genre d'affaire compliquée et sombre...

(bon, il serait temps... XD)

Gladys eut une petite moue déçue, digne d'un personnage des feux de l'amour. La réponse de Matt ne lui avait visiblement pas convenu. Son image de prince charmant aux dents blanches s'en trouvait fissuré. Mais, avec un peu de chance, la jeune femme au cerveau d'huître ne tarderait pas à oublier ce fait comme n'importe quelle individue de sexe féminin face à Viggo Mortensen. Sauf que Matt n'était pas Viggo... Mais il avait certainement d'autres atouts, faute d'avoir un nom rigolo pour les jeux de mot en société (viggo d'agneau).

"C'est mon cousin. Je m'inquiète pour lui. C'est normal, il est de ma famille même s'il est impossible," tenta-t-elle en regardant ses ongles parfaitement coupés et vernis de rose.

Tout cela n'était pas très crédible et sa phrase suivante sembla le confirmer :

"Il fait tellement féminin. Et j'en connais un qui en deviendrait rouge de colère si..."

Elle se remit à sourire, puis s'excusa soudainement car elle avait besoin d'utiliser les toilettes de la bibliothèque, pour faire une chose qu'elle ne pouvait faire que par elle-même (enfin, on suppose). Sans laisser le temps à Matt de répliquer, elle s'engagea dans l'une des allées d'un pas rapide, rythmé par le bruit de ses talons aiguilles.

Une ou deux minutes s'écoulèrent.

Puis on entendit quelqu'un hurler très fort dans les aigue. Sans aucun doute Gladys.