Ruelle sombre avant un carrefour

Alec fut pris par surprise. Alors qu'il pensait suivre sa proie à distance le temps de réunir des informations, celle-ci opta pour la confrontation. Aussitôt, il s'immobilisa, les sens aux aguets. Il cherchait le maxumum d'informations qu'il pouvait récolter.

Sur la femme, d'abord, puisqu'il semblait que ça soit une femme. Cherchant à connaître sa nature. En sautant de l'immeuble il s'était demandé si le fuyard avait pris le même chemin. Etait-ce donc un Vampire, aussi ? Il chercha aussi à discerner son visage dans ce noir. Connaissait-il cette personne ? Arriverait-il à la reconnaître à nouveau lors d'une autre rencontre. Il chercha à se rappeler les visages qu'il avait observés pendant la journée dans les dossiers du personnel de l'hôpital. Enfin, il surveillait la présence d'armes et pistait les différentes odeurs. Cette femme était-elle couverte du sang de Sasha ? Quel parfum portait elle ?

Ce face à face était assez inquiétant et Alec restait toujours attentif à d'autre éventuelles présences ou dangers autours de lui. Comment cette femme connaissait-elle son nom ? Avait-elle assisté au face à face dans le couloir avec Amael ? Non, elle devait être bien plus occupée à charcuter l'infirmière...

"Qui êtes vous ?"

Son regard ne quittait pas celui de la femme, prêt à reprendre sa course où à intervenir si elle faisait le moindre mal à l'enfant. Son ouie, elle, s'était tournée vers l'enfant. Il guettait sa respiration et les battements de son coeur. Il tenta de voir, à la lumière du briquet, s'il avait été blessé. Il ne s'expliquait pas que l'enfant ce soit tue pendant la course.

Gardant un calme totalement feint et l'attitude d'un chasseur, Alec reprit :

"Laissez moi cet enfant, je ne vous suivrai pas."

Si d'autres auraient accepté de sacrifier le bébé pour capturer la femme et la faire parler, Alec, lui, donnait tout son importance à chaque vie humaine. Perdre la fuyarde mais sauver l'enfant était pour lui un compromis parfait.

Alec pouvait sentir une léger et sensuel parfum de jasmin. Mais ça n'avait pas l'odeur d'un parfum artificiel, c'était son odeur, celle de ses cheveux.
Blonds, mi-longs, reposant en douces boucles sur ses épaules blanches et frêles.
Enfin, la silhouette se découpa, blanche comme un spectre, et ses yeux entre absinthe et argent se découpaient dans les ténèbres.
Des ténèbres qui ceinturaient cette petite flamme de briquet éclairant un bébé endormi et en parfaite santé. Comme en témoigna le rot qui retenti.
La jeune femme laissa échapper un petit rire amusé comme le piaillement d'un oiseau.
Un corbeau croassa à droite d'Alec.
Et les lèvres se mouvèrent enfin. Un éclair de lune révéla un petit visage rond aux traits fins et à l'expression mutine comme une fée.
Une fée à la joue droite couverte de sang frais, celui de Sasha.

"Ne plaisantez pas, docteur. Je n'ai pas l'intention de faire du mal à ce petit mais il vient avec moi. Vous n'avez qu'à contacter son père, mr. Hector Gilzerald, de la part d'Ecaterina."

Elle sourit, un sourire étrange qui s'étendit insidieusement comme la brume.

"Car j'ai rendu sa pauvre fiancée folle... C'est de la faute de cet homme après tout... Et d'elle aussi..."

Le briquet était toujours allumé, mais la flamme était deux fois plus imposante que tout à l'heure. Sans toucher le bébé.

Une femme. Une humaine. Alec ne bougeait toujours pas. Il gravait dans son esprit chaque détail du faciès la fuyarde, tentant de faire abstraction de l'odeur du sang qu'elle portait et qui couvrait presque son odeur corporelle naturelle. Un corbeau croissa. Alec ne sursauta pas réellement mais il se rappela où il était. Il laissa alors tous ses sens en alerte. Il devait savoir s'ils étaient seuls. Il se concentra donc sur le seul son que les humains ne savent pas camoufler et qui révèle leur présence : les battements de coeurs. Il voulait être certain de ne pas se faire attaquer par derrière.

Elle parla... Et cela rendit Alec encore plus confus. Qui était l'homme dont elle parlait. Ce n'était pas le nom qu'il avait lu comme étant le nom du fiancé de Sasha. L'infirmière n'était-elle pas mère d'une petite fille d'au moins 2 ans ? Là il s'agissait d'un bébé, mâle d'après les dires de la femme... Ce n'était pas logique.

"Ecaterina"

Il répéta le prénom dans un murmure, comme pour être certain de ne pas l'oublier, pour le graver en lui comme il l'avait fait de son visage. La flamme était grande. Proche du visage de l'enfant. Alec ne fit pas un geste, mais il était prêt à bondir. Tordre le poignet pour lui faire lâcher l'objet d'une main et récupéré le poupon de l'autre... Qu'attendait-elle de lui ?

"Trop de questions sans réponses sont liées à vous." murmura-t-il, mais assez fort pour qu'elle entende. "Qui êtes vous ? Comment me connaissez vous ? Que savez vous de moi ? Est-ce vous qui avez fait ça à Sasha ? Etes vous résponsables des autres meurtres ? Pourquoi ? Qui mérite de telles tortures ? Agissez-vous seule ? Qui est cet enfant ? Que comptez vous en faire ?" Il marqua une pause. Elle avait fuit puis s'était arrêtée pour lui faire face. Elle ne s'était pas cachée de lui. Elle lui avait montré son visage... "Qu'attendez-vous de moi ?"

Il venait de se souvenir d'un détail... Parmis les victimes, le lien avec les Rédempteurs était important... Lui même avait été lié aux rédempteurs par le passé. Faisait-il parti des victimes potentielles ? Il fit un pas en avant, toujours sur ses gardes, prêt à intervenir au moindre mouvement de la femme, tout en parlant :

"Si vous savez qui je suis, Mademoiselle, vous savez que je ne peux pas vous laisser repartir avec cet enfant."

Il était médecin avant tout et chaque vie était importante... sauf la sienne.

Le mitraillage de questions fit sourire un peu plus la jeune femme. Ses yeux se plissèrent légèrement. Elle ne bougeait pas alors qu'Alec faisait un pas (je rappelle qu'il y a plusieurs mètres entre toi et elle, au moins une demi douzaine ^^).
A l'ouïe d'Alec, il n'y avait personne d'autre qu'eux dans la région, eux et quelques corbeaux.

Ecaterina était incroyablement calme, le bras gauche tendu vers lui avec le briquet en main dont la flamme avait doublé.
Ces yeux là, céladon, et cette impression de chaleur ambiante maintenant plus nette... Alec eut le sentiment de les avoir déjà rencontrés. Mais où ? Les traits du visage ne lui rappelaient personne de sa connaissance.

"Ca ne vous concerne pas, monsieur Praens, c'est une affaire de la Familia. Approchez vous encore et tentez quoi que ce soit et vous serez le seul à avoir une surprise," dit-elle, sans répondre à aucune des questions du docteur.
Elle fit un signe vers la flamme du briquet et ferma son visage. A la lumière de la flamme et à celle du clair de lune, il était d'un morbide horrifiant...

"Je porte le nom de la déesse des sorcières aux carrefours, après tout..." Souffla t-elle froidement avant de faire un pas en arrière, vers le carrefour derrière elle.

("Ecaterina" est l'équivalent roumain de "Catherine" qui ont comme racine "Hécate", la face abyssale de la lune, déesse grecque de la sorcellerie, des spectres et des carrefours.)

*C'est une femme. Frêle et humaine… Un bébé dans une main, un briquet dans l'autre. Pas de lame pour me trancher le cou…*

Alec fit un pas, puis un deuxième. Lentement. Et il ne s'arrêta pas. Continuant à avancer lentement, prêt à bondir. Se rassurant. Elle avait brûlé le visage d'une femme… Elle s'était attaqué à trois personnes et en avait tué deux… Deux femmes et un homme bourré… Et n'était pas de taille contre un vampire. Il ne craignait pas le feu… Si… ouais, mais ça irait… La flamme, haute, le préoccupait toujours alors qu'il avançait. Et si elle était du genre "cracheur de feu" ? Il n'airait qu'à faire un bond sur le côté et lui arracher l'enfant des bras. Si elle partait… Il fallait qu'il puisse faire pleurer le bébé pour la suivre. Quelques pas encore, il accélérait mais c'était trop imperceptible pour qu'elle s'en rende compte.

"Je ne peux pas vous laisser partir avec cet enfant."

Visage ferme. Il était devenu un prédateur. Il ne la laisserai pas partir. D'un coup, il bondit sur le côté (du côté où elle tient l'enfant). Un geste à peine plus rapide que celui que pourrait faire un humain. Il chercha à éteindre de briquet d'une main et à tirer un cheveu de l'enfant de l'autre…

Si il arrive à se saisir du poignet qui tient le briquet, il la plaque contre un mur et lui ordonne de répondre à ses questions tout en maintenant l'enfant entre leurs deux corps.

[HJ : désolée, je peux pas faire mieux]

La jeune fille sembla quelque peu surprise du manque de peur d'Alec. La plupart des gens seraient effrayés par son tour de 'magie'. Ce moment d'inattention permit à Alec de la saisir par le poignet et la plaquer au mur avec l'enfant entre eux.

Après un petit silence durant lequel elle le regardait droit dans les yeux du haut de son petit mètre soixante, elle finit par sourire. Le briquet fermé ne semblait pas vraiment la déstabiliser. L'éclat de ses yeux vert gris semblait celui d'un poison séduisant comme son sourire.
Alec touchait sa main nue mais (un jet de dès pourrissime) la jeune fille sembla soudain troublée, effrayée alors qu'elle écarquillait des yeux ronds. Son visage ressembla alors vraiment à celui d'une adolescente.
La seconde suivante après avoir fermé les yeux et serré le bébé endormi contre elle, elle les rouvrit sur Alec.
"Et que comptez vous faire si je ne réponds pas, monsieur Praens ? Me tuer ?" Demanda t-elle d'une voix dure et tranchante, une voix cynique et amère vieillit qui dénotait avec la jeunesse précédente de ses traits.

Les corbeaux continuaient à croasser tout autour...

A ce même moment, la silhouette d'un homme se découpa à l'autre bout de la ruelle d'où Alec était venu. "Monsieur Praens ?! Docteur !" Alec reconnaissait cette voix, il s'agissait du vieil urgentiste Carter.

[bah dis donc, il est rapide, Carter, je pensais que Ecaterina et Alec étaient plus loin que ça... et plus difficiles à trouver...]

Alec avait été surpris que la jeune femme n'oppose aucune résistance à son assaut. Elle semblait troublée et perdue alors qu'il la maintenait avec une force qu'il dosait pour qu'elle ne semble pas disproportionnée. Il eut un sourire enigmatique à la question de sa "prisonnière".

"Pourquoi pas..."

Il sera un peu plus fort le poignet de telle manière qu'elle lâche le briquet pour qu'il tombe à terre. Et c'est à ce moment qu'il entendit une voix connue. Il sourit de rechef (il dissimule ses canines, hein ^^).

"Je crois bien que ça ne va pas être nécessaire."

Murmure.

Il se redressa et, fixant toujours la jeune fille sans ciller.

"Oui, c'est moi, Carter. Cette fille s'enfuyait avec le bébé. Il y a encore du sang sur son visage. J'essayait de la retenir, justement... La police arrive ?"

D'un geste brusque, il forca la jeune femme à bouger et la poussa vers l'appartement. Le bébé était toujours dans les bras d'Ecaterina mais Alec les tennaient tous les deux fermement.

"Ca m'aiderait si tu pouvais prendre le gosse, Carter. Ah oui, et le briquet que je viens de faire tomber aussi... Comment va Sasha ?"

Alec n'avait pas eu un instant d'hésitation, Si Carter était là, c'est qu'il faisait partie de l'équipe d'urgence que Mya avait appelée et que Sasha était soit stabilisée, soit morte. Il poussait toujours Ecaterina sans douceur. [J'espère que tu vas encore faire un jet de merde ^^] Mais il était embêté de devoir livrer cette fille à la police sans qu'elle n'ait pu dire quoi que ce soit... Il aurait bien aimé qu'elle lui donne quelques informations sur son enquète parce qu'il doutait que la police partagerait les informations...

Il murmura alors à son oreille :

"Qui est cet enfant, Ecaterina ?"

Ecaterina se laissa faire, elle hocha la tête. Les corbeaux faisaient maintenant un boucan d'enfer qu'on pouvait certainement entendre de loin.
Quand Alec fut assez près de Carter, la jeune fille spectrale sourit en chuchotant, ayant toujours l'enfant dans ses bras. "Qui sait...?"
A ce moment là, le vieux Carter pointa une arme à feu 9mm sur Alec avec un air résolu. "Désolé, Praens... Mais laissez la partir..."

A quelques secondes près, sans doute grâce à l'effet de surprise, il se passa ceci :

-Comme Alec tenait toujours Ecaterina par le poignet, celle-ci put à nouveau se concentrer. Diverses images affluaient dans son esprit. Des images nettes, précises, des souvenirs les plus marquant d'Alec de son passé et du présent. (A toi de choisir lesquels, là j'ai fait un super jet pour changer !! )

(Désolée d'entacher ton acte héroïque (t'étais si bien partie que ça me fait un peu de peine >_<) mais pour la suite de tes aventures, Ecat' doit parvenir à se carapater avec le môme un jour ou l'autre (peut-être pas ce soir finalement huhu, ce sera plus drôle). Je te l'explique pour dire que je ne triche pas ^^; je te mets des bâtons pour préserver l'action et te faire des surprises en même temps XD *viva l'impro*)

[en Bleu ce que voit Ecaterina ^^]

Un canon de revolver pointé sur lui. Alec mit quelques secondes à comprendre. Il venait de se faire trahir par l'un des siens… Son regard, quelque peu perdu, se posa sur celui de l'urgentiste.

*Tout ça pour ça…*

Déception…

Flash

Une salle vivement éclairée. Au bureau, une femme en train de lire des dossiers. A terre, Alec, d'autres dossiers éparpillés autour de lui. Un nom l'un deux : Sasha Kelerger.

Flash

Une porte qui s'ouvre brusquement. Vision d'horreur. Une femme pendue au plafond. Dégoulinant de sang. Le visage brûlé. Semblant s'étouffer, chercher de l'air.

Une langue abandonnée au milieu d'une marre de sang.

Alec détail toujours le vieil urgentiste qui ne lui semble plus si vieux que ça…

Flash

Une Morgue. Un corps sur une table en métal. Le corps d'un côté, la colonne vertébrale de l'autre. Alec en train de travailler…

"Il fallait de la force pour l'arracher…"

Murmure.

Il parle pour lui. Perdu. Réfléchissant à trop de choses en même temps. Bien sûr qu'Ecaterina n'aurait pas pu le faire seule… Il faut être deux…

Ses yeux se brouillent…

Flash

"Je ne peux pas vivre sans lui, Alec…"

Une Morgue. Un corps étendu sur une table en métal. Un homme dans la fleur de l'âge. Un peu grisonnant… D'énormes trous dans la gorge. Morsure de Vampire.

Une femme, pleurant, debout à côté du corps. Derrière elle, un jeune homme à peine entré dans l'âge adulte, les cheveux bruns, mis longs, la serre contre lui.

Non, elle ne pouvait pas vivre sans son époux. La mère d'Alec s'était laissée mourir de chagrin juste après ça.

Flash

Image fugace, rapide. La femme, vieillie mais pas plus âgée. Etendue, endormie, sereine, enfin en paix… Dans un cercueil de bois blanc doublé de satin bleu. Des roses blanches.

Flash

Alec regarde toujours Carter. Mais son regard est vide. Il a une arme pointé sur lui… Mais il sait qu'il ne peut pas mourir. Doit il les tuer tous les deux ? Tuer…

Une Morgue. Un corps étendu sur une table en métal. Un corps nu, pâle, musclé, beau… sans tête. A côté, la tête. Une grimace de haine, de rage. Des yeux bleus menaçants, un rictus qui dévoile des dents trop pointues. Les cheveux blonds, en bataille… Décapité.

Près du corps, sur la table, une main. La main est relié à un corps. Un corps agenouillé au sol. Prostré, secoué de terribles sanglots. De longs cheveux sombres. On ne voit pas le visage…

Arrêt sur image.

Une larme coule sur le visage d'Alec alors que sa prise sur le poignet se fait plus ferme, un peu douloureuse, peut être. Il se rend compte qu'il regarde toujours les yeux de l'homme. Il ne veut pas revoir ces images. Carter est-il en train de les voir en même temps que lui ? Il détourne le regard.

Lécat…

Flash

Le même homme blond. La tête sur les épaules cette fois. Une pièce illuminée. Image de bonheur. Il rit. Il a un poignard à la main et coupe son avant-bras sur toute la longueur. Il rit.

"Rien ne peut m'atteindre, tu vois…"

Le regard d'Alec se pose sur la jeune fille.

Le blond sourit toujours. Il est beau. Tellement beau… La plaie se referme

"La vie éternelle…"

Brusquement, Alec lâche la jeune fille. Surpris, effrayé… Il a compris… Dans son souvenir, la phrase se termine :

"La vie éternelle, Alec, voilà ce que je te propose…"

Et elle, a-t-elle compris ? Il se ressaisit. Son regard se fait dur. Il doit expliquer autrement le fait qu'il n'a pas eu peur d'elle… Non, elle ne doit pas penser qu'il est un Vampire. Il savait que Lecat en était un, mais il n'en est pas un, lui… Il murmure :

"Je n'ai plus rien à perdre, Mademoiselle… Je vous retrouverai. Faites en sorte qu'il n'arrive rien à cet enfant…"

Il recule. Elle est encore entre lui et l'arme qui est pointée sur lui. Il sait qu'une balle ne lui fera rien mais…

Il sort un gant de chirurgien de sa poche. Bien sûr, il n'est plus stérile, mais c'est déjà ça. Il en a toujours sur lui. Il le passe et se baisse. Il a reculé jusqu'au briquet. Il regarde Carter puis le briquet. Il prend le briquet, retourne son gant dessus, fait un nœud et le glisse dans sa poche. Il se relève et s'adresse à la femme.

"Partez, Ecaterina. Partez avant que je ne change d'avis."

Et quand il se retrouve seul avec Carter et son arme, il s'avance de nouveau vers lui. Il sort son téléphone et, d'une voix qu'il veut calme et autoritaire :

"J'appelle Mya. Elle va s'inquiéter et envoyer la police à ma recherche. Ce n'est pas ce que vous voulez, n'est-ce pas ? Je ne prononcerai pas votre nom."

Il compose le numéro. Son regard est planté dans celui de l'homme. Ca sonne. Elle décroche.

"Mya, c'est Alec. Ne dites pas un mot. Ecoutez moi. Vous devez me faire confiance. Vérifiez l'état de Sasha, assurez vous, vous même qu'elle va bien. La langue, mettez la dans la glace et emmenez là à l'hôpital. Attendez que la police ait scellé les lieux avant de partir. Personne ne doit pouvoir entrer après votre départ. Puis rentrez à l'hôpital. Rentrez à l'hôpital avec Sasha. Ne la quittez pas. Je vous y rejoindrai." Il marque une pause, son regard planté dans celui de Carter. "Faites attention à vous, Mya."

Et il raccroche.

"Allez vous me tuer, Carter ?"

Flash flash flash flash

Toutes les images, les souvenirs, s'enchaînaient. Ecaterina avait les yeux flous et lisses comme ceux d'un mort. Le visage fermé, de marbre.
Comme des flash d'appareil photo... Les uns à la suite des autres. Heureusement pour elle, elle ne ressentait pas la douleur des acteurs de ce film. Elle était simple spectatrice. Alec sentit le poignet dans sa main se raidir et se faire glacé comme la neige. Alec lâcha brusquement son poignet. Elle recula
Quand la jeune fille retrouva quelque vie dans ses yeux son visage toujours figé dans le froid se tourna vers Carter sans un regard à Alec. "Votre dette est payée," déclara t-elle. Puis elle serra le bébé contre elle, la chaleur revint dans sous sa peau et autour d'elle.
Un regard à Alec quand leurs yeux se croisèrent. Elle le laissa prendre le briquet, ça n'avait pas d'importance.

Elle sourit, de ce sourire de brume. "A la prochaine fois... Peut-être..."
Et elle se retourna pour courir. Disparaître en tournant au carrefour.
Les corbeaux se turent. Le silence se fit.

Carter baissa son arme et posa sur Alec un regard désolé. "Ne vous mettez pas au travers du chemin de cette fille... Elle vous fera sentir que vous avez quelque chose à perdre, comme elle l'a sûrement fait sentir à Sasha et à Ludovic Jean-Jacques..." Souffla t-il en rangeant son pistolet dans un holster d'épaule.
Il sourit d'un air las, sans doute mesurait-il les conséquences de ce qu'il venait de dire et révéler.

*Son père...*

"Mike Wuen ?", demanda Alec comme pour lui même.

En fait, il était bien trop en colère pour vouloir discuter avec Carter, il passa devant lui en l'ignorant mais écouta quand même ses paroles. Mya était certainement partie pour l'hôpital puisqu'Alec lui avait demandé de le faire. Il allait y aller et...

Il avait appris des choses sur Ecaterina ?

Alec s'immobilisa. Il était dos à Carter. Il réfléchit. Il n'était pas quelqu'un de sanguin en temps normal, il était plutôt calme, même, mesuré... Mais son envie de justice avait surpassé sa maitrise de lui même. Il se disait que poser des questions à Carter maintenant n'était plus vraiment approprié mais il craignait de laisser passer des informations importantes. Il n'était pas non plus du genre à faire chanter les gens et ne promettrait pas son silence contre les informations... Il allait certainement dénoncer Carter quoi qu'il arrive... Mais... il voulait savoir, il voulait arrêter ces crimes. Il voulait comprendre... et il retrouverait cette fille.

Il se tourna vers Carter, son visage était redevenu plus calme, plus mesuré, plus serein, plus doux aussi.

"Voulez-vous marcher un peu, Carter ?"

Ils marchèrent encore un moment en silence et quand Alec se rendit compte qu'ils allaient vers les Young Appartement, il eut une hésitation. La police était certainement encore sur les lieux... Il bifurqua, direction l'hôpital. Puis il reprit encore la parole, pensif :

"La Familia... C'était bien ce qu'on avait supposé... Mais pourquoi toutes ces expéditions punitives ? Que s'est-il passé pour provoquer tout ça ?"

Il soupira. En fait, il ne posait pas vraiment les questions à Carter mais plus à lui même. Finalement, il se tourna vers l'homme :

"Savez vous qui seront les prochaines victimes, Carter ?"

Alec écouta attentivement ce que disais Carter sans dire un mot. Il était pensif. Ce n'était pas la Familia mais "juste" Ecaterina qui était responsable. Mais d'un coup, il s'immobilisa et regarda Carter avec surprise. Les deux meurtres n'étaient pas liés ? Comment était-ce possible ? Mya et lui n'y avaient même pas pensé tellement la cruauté des deux meurtres les avaient frappés. Peut être aurait-il fallu qu'il fasse les deux autopsies pour voir la différence de style... Il fronça les sourcils.

"Si elle n'est pas responsable du meurtre de Cassandra, quelqu'un l'est..."

Oh non, il n'allait pas lacher l'affaire de si tôt. Il ne sembla pas réagir quand Carter explicita ses propos qu'Alec avait bien compris dès le début. Il mettait une autre vie que la sienne en danger... Oui, il le savait. Mais pouvait-il arrêter Mya ? L'empecher de le suivre ? Il avait déjà essayé. Il lui en reparlerait. Mais il arrêterait cette folle. Quitte à faire justice lui-même... D'une manière qui lui répugnait mais qui avait l'avantage d'être efficace. La méthode des Vampires...

"Carter, vous savez pourquoi elle s'en est pris à Sasha et qui était ce bébé qu'elle transportait ? La fille de Sasha est plus agée, non ?"

Une autre question brûlait les lèvres d'Alec, mais il la sentait encore plus indiscrète que les autres... Il reprit la marche vers l'hôpital. Les yeux assez brumeux, il réfléchissait toujours. Il attendit que l'urgentiste lui ait répondu avant de lui poser sa dernière question...

"Puis je vous demander... Ce qui vous liait à elle ?"

Carter sortit une autre clope dès qu'il eut fini celle d'avant, il l'alluma et en tira une longue bouffée avant de répondre. "Je ne sais... J'ai vu moi aussi le dossier de Kelerger : Peter voulait que j'essaie de lui parler. Le dossier a été trafiqué sans doute, mais pourquoi, je ne sais pas."
Il réfléchit quelques instants avant d'hocher la tête "Ecaterina veut attirer le père de l'enfant : le fiancé de Sasha. A ce que je sais il a tenté de la faire assassiner lui aussi. Beaucoup d'hommes de la familia ont peur d'elle mais je suppose que quelques personnes de la Triade, dont le fiancé de Sasha, veuillent sa mort aussi. Elle prend peu à peu les commandes de South Park dans le dos de son oncle Maltez comme un poison. Et son allégeance à la Familia est très incertaine. Ce mr.Hector Gilzerald ou Mike Wuen, quelque soit le nom de ce fiancé, il est actuellement en train d'éprouver la douleur de perdre quelque chose. Sasha, malheureusement, et sa fille. Mais la sorcière ne fera pas de mal au bébé. Pour la seule raison qu'elle n'a rien contre lui. C'est une vengeresse, Alec. Je ne sais pas ce qu'il lui est arrivé avant d'atterrir dans la Familia mais elle ne vit plus que pour la vengeance."

Carter avait l'air un peu triste en disant ça.

La dernière question sembla le tirer de ses pensées. Il cligna des yeux comme pour chasser quelques larmes et évita le regard d'Alec, le vampire pouvait l'entendre : le vieil urgentiste cachait quelque chose. "Moi ? Elle m'a sauvé la vie et celle de ma femme, si on peut dire. En réalité j'ai appris qu'elle m'avait piégé. Enrico avait besoin d'une personne dans l'hôpital et il l'a chargée d'en "trouver" une. -Carter sourit en coin, il était quelque peu admiratif- ce qu'il n'a jamais su c'est que cette petite sorcière s'est habillement débrouillée pour que je ne sois redevable qu'envers elle. Et non envers la Familia. Ma femme est morte de maladie il y a quelques semaines. Mais elle n'aurait pas survécu toutes ces années si Ecaterina ne l'avait pas soignée. Elle est bonne guérisseuse... C'est pour ça que j'avais une dette : une vie contre une vie. Celle de ma femme préservée au-delà de mes espérances, contre la sienne."

(Je suis trop gentille, je te donne un tas d'indices)

Alec marchait silencieusement en se disant qu'il n'aurait pas du demander à Carter les raisons de son acte... Il se trouvait tirailler entre la justice et l'humanité. Cet homme avait été manipulé... Il soupira. Il était perdu et ne savait que faire. Il se dit qu'il parlerai avec Mya, qu'elle saurait le conseiller et l'aider à faire un choix. Il chassa donc cette question de son esprit et se pencha de nouveau sur le question d'Ecaterina.

"Je suppose que prévenir son oncle ne serait pas la meilleure idée..."

Il n'arrivait pas à séparer les idées, à faire le point, il avait besoin d'un regard extérieur, d'un autre point de vue, d'une autre avis...

"Deux crimes sans aucun liens... Nous n'y avions pas pensé une seconde je crois... Qu'on les hommes à être si cruels les uns envers les autres ?"

Soupire...

Leurs pas les approchaient de plus en plus de l'hôpital et Alec n'avait toujours pris aucune décision...


[HJ : désolée, je fais rien avancer... j'ai pas d'inspi, tu as des nouvelles de Mya ?]